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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 08:06

          Samedi 02 juillet les Matermittentes ont participé à un atelier intitulé précarité et temps partiel dans le cadre des rencontres féministes organisées les 2 et 3 juillet à Evry par le rassemblement de collectifs Féministes en mouvement.

www.renconresfeministes.fr

 

 

          L’atelier était dirigé par Catherine Bloch London, sociologue et membre d’ATTAC qui a ouvert la séance par une présentation rapide de la situation du marché du travail des femmes en énonçant quelques chiffres :

-13% des femmes sont employées en cdd ou en interim contre 10% des hommes. L’interim étant plus réservé aux hommes car cela correspond majoritairement à des secteurs d’activités masculins (bâtiment etc)

-6 CDD sur 10 sont des femmes, chiffre qui a doublé en 20 ans.

-45% des femmes sont employées à temps partiel en CDD, soit 2 fois plus que les hommes.

Il s’agit de temps partiel non choisi. Il faudrait donc parler plutôt d’emploi partiel que de temps partiel car il n’y a pas de réel aménagement du temps de travail.

Dans les emplois à temps partiel il n’y a pas de possibilité d’évolution de carrière. En 2007, le salaire pour un temps partiel pouvait être inférieur à 800 euros par mois.

 

 

          Puis Rachel Silvera, économiste et maitresse de conférence à l’université de Paris Ouest Nanterre la Défense a pris la suite de l’intervention pour parler des effets de la crise sur l’emploi des femmes et évoque son travail autour de la question du croisement de genres et de classes (en questionnant la notion de classes aujourd’hui).

On constate que le temps partiel est en hausse chez les jeunes filles ce qui vient complètement contredire l’idée que les femmes choisissent le temps partiel parce qu’elles ont des enfants en bas âge, puisqu’elles n’en sont pas à ce moment de leur vie. Elle rappelle que l’âge moyen pour un premier enfant est maintenant autour de 30 ans.

Elle parle de la lutte des ouvrières Lejaby (marque de lingerie) qui, selon elle, a été peu relayée alors que la mobilisation des ouvrières a été très forte. Elle explique cela en partie en évoquant que c’était une lutte entièrement féminine et parle de l’aspect plus viril d’une lutte masculine qui occupe une usine qu’un groupe de femmes qui accroche des sous vêtements partout pendant les manifestations...

http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/09/29/fin-du-blocage-chez-lejaby-apres-un-accord-entre-syndicats-et-direction_1417786_3234.html

 

 

          Puis c‘est aux Matermittentes de prendre la parole (représentée par Christine, Caroline et Clémence, Hélène n’a pu rester).

Nous nous sommes réparties la parole. Clémence commence par évoquer le collectif, sa création, les différentes actions menées jusqu’à présent. Elle évoque la difficulté que l’on a à parler de notre situation. Ne pas rentrer dans les détails et en même temps aller au cœur du problème. D’ailleurs quand elle évoque que la Sécu recherche un certain nombre d’heures sur une période fixe, et qu’elle demande la même choses que pour les CDI à temps plein, madame Bloch London lui demande de ne pas entrer dans les détails et d’aller plus vite. Elle explique que le collectif cherche à faire avancer certains points de droit et qu’il pressent qu’il faut changer la loi pour mettre fin à ces situations aberrantes. Elle parle ensuite de la non application par la Sécu de certains articles de loi, des difficultés que nous avons à comprendre la réglementation et du fait que nous sommes les experts de nos propres situations.

Christine parle ensuite de l’intermittence et de la précarité puis Caroline du débat sous jacent à celui de la maternité à savoir la valeur travail et l’importance d’une lutte collective

 

 

          Puis deux personnes de l’organisation Femmes égalité ont pris la parole. http://www.femmes-egalite.org

L’une d’elle est une employée dans le secteur du service à la personne, anciennement sans papier. Elle raconte les conditions de travail qu’elle a pu connaître. A titre d’exemple elle évoque le fait qu’on les embauche soit disant à temps complet mais qu’en fait, enchainant 3 clients différents dans la journée, pour peu que l’un d’eux soit absent elle ne sera payée que pour les heures réellement effectuées. Elle peut donc vadrouiller 8 heures par jour d’un endroit à un autre et n’être payée que 3 heures. Le temps de transport et le coût de celui-ci ne sont jamais pris ne charge.

Dans ce secteur, les femmes sont seules, non syndiquées. Elle évoque le fait qu’il est difficile de lutter quand l’espace est éclaté (au contraire des ouvriers d’une usine qui peuvent l’occuper et centraliser la lutte).

Elle évoque aussi le fait que c’est souvent pire d’être employée via une association que par un particulier. Si elle est payée 10euros de l’heure par un particulier elle touchera la totalité contre 7 euros via l’association. Sous le seuil du smic donc...

 

 

          La parole était ensuite aux personnes présentes à l’atelier :

-Loubna Méliane, membre du bureau national de SOS racisme et initiatrice de Ni putes ni soumises demande aux Matermittentes si elles font des actions en justice (comparution immédiate par exemple) et parle de son expérience pour faire reconnaitre des discriminations , notamment au sein de SOS racisme

-Thierry Cadart, SGEN-CFDT (Fédération des syndicats généraux de l'Éducation nationale et de la Recherche publique) intervient sur les droits des employés du secteur des services à la personne et écorne rapidement les intermittents.

-Intervention d’une personne qui se présente comme simple citoyenne et suggère de couper toutes les aides aux entreprises pour les emplois précaires afin de modifier le système.

-Une jeune économiste d’ATTAC expose les problèmes rencontrés dans la grande distribution quand on propose aux caissières de passer du temps partiel au temps complet. Elles sont alors obligées de devenir polyvalentes, ce qui induit une dégradation des conditions de travail. S’il n’y a rien à faire en caisse elles doivent aller en rayon, ou aux caisses automatiques etc, travaillant tout le temps. Elle précise qu’on n’en demande pas tant aux hommes manutentionnaires qui ne vont jamais en caisses.

-Une femme, qui se présente comme membre du conseil administratif de la CAF (dans le sud) réagit au témoignage de l’employée dans les services à la personne en disant qu’elle découvre que les associations ne sont pas forcément les meilleurs employeurs.

-A cela, une autre femme militante au Secours populaire français suggère que siègent dans les CA des femmes de terrain plutôt que des « expertes »

 

 

Conclusion :

Rachel Silvera parle d’un rapport récent de l’Union européenne qui dit, pour la première fois noir sur blanc, que la seule façon pour les femmes de sortir de la précarité ou d’y échapper est l’emploi à temps complet.

Elle reprend des points de vocabulaire et dit qu’il est faux de dire que 80% des femmes sont des travailleurs pauvres car l’indice pour l’enquête n’est pas la personne en elle même mais le foyer dans lequel elle évolue. Si une femme pauvre est avec un homme riche elle n’est pas considérée comme un travailleur pauvre, ce qui masque encore plus l’existence des femmes travailleuses pauvres.

Elle insiste sur le fait qu’il faut vraiment arrêter de parler de temps choisi car les femmes ne prendraient pas leur mercredi s’il n’y avait une injonction sociétale faite aux femme en particulier pour que leurs enfants fassent de nombreuses activités (surtout dans les milieux sociaux aisés) ou si les structures d’accueil pour les enfants étaient plus adaptées.

Elle propose l’abolition des seuils pour l’obtention du congé maternité, pas de 200H en trois mois.

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commentaires

I
<br /> À Avignon comme lors des autres festivals de l’été, de nombreux salariés du spectacle vont se croiser, travailler ensemble, se rencontrer.<br /> <br /> La coordination des intermittents et précaires vous propose d’y faire circuler largement un document (2p.) qui fait le point sur des pratiques qui ont cours actuellement, à Pôle emploi et parmi les<br /> employeurs, bien qu’elles soient dépourvues de toute base légale ou réglementaire et puissent donc être refusées, sauf à ne pas connaître ses droits. C'est accessible d'un clic plus bas :<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Merci du compte rendu. Cela m'amène à penser qu'il est important de réunir tous les acteurs des diverses associations pour maintenir une pression permanente afin de faire évoluer le droit français.<br /> Il est aussi urgent de redorer le statut des féministes qui sont souvent désavouées par des femmes !!! Féministe ne doit pas être le synonyme d'un extrême mais d'une avancée sociale.<br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

  • : Le Collectif Les Matermittentes (LCLM) matermittentes@gmail.com
  • : Le collectif regroupe des femmes à emploi discontinu qui luttent pour faire valoir leurs droits en matière de congés maternité et d'arrêts maladie. Nous luttons pour une juste application des lois et règlements par la Sécurité Sociale et Pôle emploi afin que la maternité et la maladie ne soient pas synonymes d'une rupture de protection sociale.
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